“La vérité est en nous, elle ne vient point du dehors”. Robert Browning
La posture de yoga (« Asana ») n’est qu’un huitième des piliers du yoga et ne représente que deux sutras des 195 aphorismes des Yoga-Sûtra de Patanjali.
Les deux premiers piliers du yoga sont ce qu’on appelle les « Yamas » (règles en société) et les « NiYama » (règles personnelles). Ils sont les deux premiers piliers du yoga car ils représentent la fondation d’une transformation possible pour arriver à l’état de Yoga. Rappelons que Yoga, est l’arrêt des vagues du mental « Yoga Citta Vritti Nirodah » (Yoga-Sûtra, I.2 – même si cette traduction ne reflète pas toute la subtilité de cet aphorisme).
Parmi les 5 Yama, ces observances morales envers les autres, le 2ème est « Satya » que l’on traduit souvent par vérité. Comme lorsque l’on commence à pratiquer des postures de yoga, « Satya » s’expérimente par étape, se construit progressivement. Mon expérience personnelle est qu’il est beaucoup plus difficile de trouver l’équilibre de Satya, que celui de Sirsasana (la posture sur la tête) !
Tout d’abord, notons que « Satya » est le deuxième Yama. Il est précédé de « Ahimsa », la non-violence. Et donc l’objectif n’est en aucun cas de développer une vérité cassante, blessante et non bienveillante. Là aussi l’équilibre n’est pas toujours aisé à trouver : comment rester dans la vérité sans rompre brutalement l’harmonie ?
Dans la vision du yoga traditionnel, l’idée de cultiver « Satya » se retrouve au niveau de la pensé, de la parole et de l’action. Parfois cela peut paraître assez évident, comme par exemple de ne pas tuer son voisin même quand il fait quelque chose qui n’est pas en ligne avec ce que notre égo souhaiterait, notamment car cela est répréhensible par la loi. Mais, à d’autres moments, cela est beaucoup plus compliqué car beaucoup de vérités sont subjectives. Par exemple, il y a quelques siècles le commerce triangulaire était considéré comme quelque chose de « normal » alors qu’aujourd’hui il est fort heureusement considéré comme une honte de l’humanité. Je donne cet exemple pour bien prendre conscience que la vérité peut être subjective, quelle peut changer avec le temps, y compris au cours de notre courte vie et varie souvent d’une personne à une autre.
On pourrait être tenté de définir des vérités absolues et d’autres subjectives. Mais je préfère utiliser l’allégorie de la caverne de Platon. Les ombres de la caverne sont des vérités relatives (temporelles, personnelles, potentiellement influencées par la société, notre éducation, nos traumas etc), alors que dans la vision du yoga il est possible d’accéder directement à la lumière au-delà de la caverne (vérité absolue). Si d’accéder à la lumière peut paraître prétentieux, essayons au moins de tendre vers la clarté. Mais comment faire car cela semble beaucoup plus facile à dire qu’à faire !?!
Par la pratique de la méditation, on observe ces « Vrittis », les vagues du mental. La pratique de l’observation neutre (« Drashta ») permet progressivement de ne plus s’identifier à ces vagues, à comprendre qu’en se laissant absorber par ces vagues, cela nous éloigne de notre vérité, nous rend de facto malheureux. Par exemple, qui a ressenti de la satisfaction en mentant ?
La pratique de la méditation permet aussi de se rapprocher de sa propre vérité, de progressivement sentir ce qui est juste pour soi vs. ce que la société / notre entourage / nos compulsions etc souhaitent que nous fassions.
Dans les conseils pratiques, je retiens celui de Sadhguru qui recommande de prendre deux minutes centré sur son souffle avant toute décision un peu significative. Cela peut aller sur son choix de nourriture (c’est impressionnant comme en faisant cela on perçoit bien ce qui est bon pour notre système digestif ou non), à de grandes décisions. Pour ces dernières, pour trouver sa vérité sur des questions clefs, il est généralement plus adapté de méditer sur ces questions pendant une certaine durée, jusqu’à ce que cela devienne un truisme.
Et pour conclure, nous pouvons revenir sur la posture de yoga (« Asana ») évoquée en introduction. Car là aussi, Satya est pertinent : trouver sa vérité dans ce domaine est, à chaque fois, de respecter son corps, d’adapter pour ne pas se blesser et de rester toujours bienveillant avec soi.
A propos de l’auteur
Ollivier
Il est professeur de Hatha et de Kundalini Yoga.
Pendant les cours, il aime mettre l’accent sur l‘ensemble des pratiques qu’inclue le yoga intégral (un équilibre de postures, de respirations, de méditation et de relaxation), dans une atmosphère de bienveillance et d’harmonie.
Ollivier 06 95 66 21 12
ollivier@larbre-yoga.fr